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9 juillet 2008 3 09 /07 /juillet /2008 13:42
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8 juillet 2008 2 08 /07 /juillet /2008 14:36
 
A l’angle de la rue de Bagneux et de l’avenue de la République, se tient une demeure remaniée au XIXe siècle et précédée d’une maison de vigneron restée intacte depuis sa construction au XVe siècle. L’ensemble, longtemps connu dans l’Histoire sous l’appellation d’Hôtel des Mathurins, fut, à l’époque moderne, la propriété Frémont avant de devenir, en 1990, possession communale sous le nom de Maison des Arts et de la Nature.
Et c’est une histoire de cinq siècles que pourrait nous raconter cette maison. C’est en effet à l’année 1483 qu’en remonte l’origine, l’année même où devait mourir le roi Louis XI, en son château de Plessis-les-Tours (30 août 1483). Un acte daté du 16 mars, nous apprend qu’il existe alors, à cet emplacement, en bordure de la rue allant à Bagneux, appelée alors rue du four, parce qu’on allait faire cuire son pain dans le four seigneurial, une ‘masure’, avec cour et jardin, ayant naguère appartenu à Denisot Triquet, et passée depuis aux frères Guillaume et Jean Richer. Par cet acte, Guillaume, la veuve et les enfants de Jean, n’habitant plus à Châtillon, faisant cession de masure et terrain, moyennant la somme de 12 livres tournois, et à la charge de payer 12 deniers Parisis de cents à la fabrique de l’église (dépendant du chapitre de Notre Dame d Paris), et, en outre, une rente annuelle de 5 sols Parisis, coût de la messe à dire pour le repos de l’âme de Denisot Triquet.
L’acquéreur était un important personnage parisien : ‘vénérable et discrète personne, Robert Gaguin, docteur en décret, général et grand ministre de l’ordre de Sainte-Trinité et Rédemption des captifs’ lequel quatre jours plus tard, le 20 mars, par devant Jacques d’Estouville, garde de la prévosté de Paris (le maire d’alors), faisait déclaration de son acquisition, en même temps que de ses intentions d’y faire plusieurs édifices, réparations et améliorations, sans lesquelles choses faire lesdits leiux seraient inutiles et de nulle valeur audit Gaguin’.
C’est à plus d’un titre que Robert Gaguin mérite que sa mémoire soit conservée dans les fastes de notre histoire. Né en 1433, à Calonne-sur-la-lys, près de Béthune, il avait été confié par sa mère, Germaine Benoîte, demeurée veuve prématurément, aux religieux du monastère de Préclain, près d’Hazebrouck, dépendant de l’Ordre de la Sainte-Trinité pour la Rédemption des captifs, ordre fondé en 1198 pour le rachat des captifs de Terre Sainte, et de la délivrance des esclaves enlevés sur les côtes ou en mer, par les pirates barbaresques. En fait, les religieux voués à cette tâche étaient ordinairement désignés sous le nom de Mathurins, qui était celui du couvent principal, situé à Paris, rue Saint Jacques, près de la Sorbonne et de l’Hôte des abbés de Cluny. Gaguin vint poursuivre ses études à Paris, en théologie, lettres classiques et droit canon. Il devint l’ami de Guillaume Fichet, recteur de l’université de Paris, qui installait à la Sorbonne la première presse d’imprimerie de Paris. Lui-même fut doyen de la faculté de droit, appelé alors faculté de Décret. Il avait été nommé, dés 1468, à la direction du couvent parisien, et, en 1473, il fut porté à la dignité de ‘général et grand ministre’ de l’ordre. En raison notamment des ses relations avec l’étranger, Louis XI le chargea de plusieurs missions, et l’on a même dit qu’il avait été le précepteur du Dauphin Charles. Ce qui est certain, c’est que ce dernier, devenu roi, lui témoigne beaucoup de confiance en l’envoyant à Rome, à Florence, en Allemagne et en Angleterre.
 
Il aurait également, sous Charles VIII et Louis XII, eu la garde de la bibliothèque royale. Mais par-dessus tout, il est considéré comme l’un des premiers humanistes français, dans ce quinzième siècle finissant, à l’aube de la Renaissance. Il mourut le 22 juillet 1501 et fut enterré avec grand honneur dans la très belle église des Mathurins. Si malheureusement démolie sous le règne de Louis-Philippe.
La demeure qu’il s’était fait construire à Châtillon était certainement inachevée à l’été 1484. C’est lui-même en effet, qui nous apprend, dans l’une de ses lettres, publiées avec ses discours, qu’il s’y était réfugié, au mois de septembre, pour se mettre à l’abri d’une épidémie de peste sévissant alors à Paris. Cette demeure comportait trois corps de bâtiments, séparés entre eux par deux cours. A l’extérieur est se trouvait la maison de maître, à trois étages surmonté d’un toit de tuiles à deux pentes formant pignon. Au entre, une petite construction plus basse renfermait un pressoir à neuf cuves à vin, tandis qu’à l’ouest, était la maison du gardien, laboureur et vigneron, chargé de cultiver les terres et vignes des religieux à Châtillon et Bagneux. Les deux premiers bâtiments ont subi une transformation complète dans le courant du XIXe siècle, mais la maison du vigneron est restée intacte jusqu’à nos jours. Le mur de clôture, le long de la rue, que l’on peut imaginé crénelé, comme celui de l’hôtel de Cluny, s’ouvrait sur une grande cour par une porte cochère à deux battants de chêne, ferrés de fortes pentures. Du coté nord, se trouvait le jardin de forme rectangulaire, avec un puits en son centre, divisé en carrés entourés de treillis pour arbres fruitiers, treilles de vignes et rosiers grimpants, tels qu’on voit les jardins médiévaux dans les manuscrits à peintures. Les religieux partageaient avec le vigneron légumes, fleurs, fruits et raisins. La superficie totale était d’un peu plus d’un arpent (32 ares 79 centiares).
Tel était l’hôtel des Mathurins, comme l’on disait, à la veille de la révolution de 1789, bien que le pressoir, qui ne servait plus, ait été vendu quelques années auparavant. En vertu de la confiscation des biens du clergé, la vente fut réalisée par l’administration des domaines du département de la Seine, le 17 messidor an IV (5 juillet 1796), mais l’acquéreur, un orfèvre parisien nommé Boussod, revendit la demeure, au bout d’un an, à un libraire, Pierre Desauges, qui la conserva sept ans, avant de la céder à un chirurgien de Paris, se disant membre de l’ancienne Académie de chirurgie, François-bonaventure Boulay. 
Le jardin, à cette époque, était particulièrement soigné, avec deux berceaux de tilleuls aux angles, de nombreux arbres fruitiers en plein rapport et des treilles de vigne, mais aussi des vases de géraniums et d’œillets, et de caisses d’orangers, de citronniers, de myrtes, grenadiers et rhododendrons. Mais c’est grâce à l’important agrandissement survenu à la fin de 1809 que l’aspect général se trouva transformé. En effet, Madame de Lambon, propriétaire de la maison voisine, née en 1712, était morte en février de cette année , et une association d’acquéreurs, incapable de satisfaire à leurs obligations, furent obligés de laisser vendre la partie du parc se trouvant dans le prolongement du jardin.
 
Il y avait une superficie de 21 ares 82 centiares, en bosquets et charmilles, avec quelques ormes et grands tilleuls, et des allées rayonnantes autour d’une statue de Cérès, datant du Grand Siècle. A sa mort, en 1812, le chirurgien laissait à sa fille unique, outre la maison de Châtillon et divers terrains à Châtillon et à Fontenay, un bel hôtel, place des Vosges. Malheureusement, celle-ci avait fait un fâcheux mariage avec un sieur Garnier, prénommé Arbogaste-Philibert, qui la ruina. Elle s’en sépara en novembre 1820, mais pour satisfaire aux créanciers qui la poursuivaient pour réparations faites à son hôtel, la maison de Châtillon fut mise en adjudication au mois de janvier 1827.
L’acquéreur fut un noble Irlandais, né en France de mère française, Augustin-Désiré-Hyacinthe, comte de Bermingham, récemment marié à une jeune française, Flore-Euphémie du Chesnel, mais ils quittèrent Châtillon au bout de dix ans pour aller habiter à Bailly, près de Versailles. L’acte de vente du 12 juillet 1837 était en faveur de Louis-Christophe Hachette: c’était le fameux libraire-éditeur (1800-1864). Exclu de l’université pour opinions jugées trop libérales, il s’était juré de satisfaire pourtant à sa vocation d’enseignant, et c’est dans ce but qu’il s’établit libraire dans le quartier des étudiants, Boulevard Saint Germain. Or, il avait alors une voiture à chevaux qui, partant du boulevard  Saint Germain, allait à Fontenay-aux-Roses, et le jeunes libraire avait
Déjà loué à Châtillon, une maison, avec jardin, où il se rendait tous les soirs après cinq heures, du mois d’avril jusqu’à celui d’octobre. Veuf d’une première femme, morte du choléra en 1832, qui lui avait donné deux enfants, il venait de se remarier avec une jeune veuve ayant une fille. Il était donc indispensable d’aménager la nouvelle maison, et l’architecte eut l’idée de réunir les deux corps de bâtiments séparés par la première cour, au moyen d’une longue galerie formant deux grandes pièces, qu’il surmonta d’une sorte de terrasse à l’italienne, tandis que, par souci de symétrie, il abaissait d’un étage le grand pavillon en surélevant le petit, tous les deux avec une nouvelle couverture en ardoise. L’antique maison se trouvait ainsi remis au goût du jour, sauf pour le pavillon du gardien, qui ne fut pas modifié. Les appartements intérieurs furent également refaits, et, dans une lettre de 1847, Hachette annonçait à sa fille et son gendre, alors en voyage en Algérie, qu’à leur retour, ils pourraient jouir d’un ‘petit appartement très frais et très paisible dans une petite maison de Châtillon ’.
Le jardin se trouvait en même temps transformé: le puits ayant été enterré, un grand parterre en pelouse, entouré de buis, forma le centre, avec des plates-bandes latérales tandis que le potager était rejeté à l’extrême gauche, des treillis ornaient la maison, et formaient séparation avec la cour.
 
C’est donc une demeure ‘augmentée… rebâtie en grande partie’ dans son aspect qu’il mettra en vente à l’été 1854, après avoir acheté le château du Plessis-Robinson, certainement plus conforme à sa situation d’alors. Un autre éditeur se porta acquéreur de la petite maison’ par un acte en date du 26 août 1854: c’était Charles Perrotin, dont le gendre, le docteur Lasègue, avait aussi une maison de campagne à Châtillon. Perrotin était l’éditeur du célèbre chansonnier Béranger, dont les revenus se réduisaient avec l’âge, et c’est pourquoi ce dernier reçut la généreuse proposition de se retirer à Châtillon; mais il était d’une indépendance farouche et il refusa. Après sa mort, toutefois, survenue le 16 juillet 1857, Perrotin transporta dans l’aile occidentale de la maison l’humble mobilier de la chambre mortuaire, où il resta jusqu’à son propre décès, survenu le 3 octobre 1866, et après lequel les reliques du ‘poète national’ échurent au musée Carnavalet.
En 1873, la veuve Perrotin dut se séparer de sa demeure qui échut à William Johnston et à sa femme, propriétaires de la maison mitoyenne du n°13 (jamais le couple ne semble l’avoir habité).
Lorsque madame veuve Johnston disparut, en 1898, ses deux filles occupèrent le domaine quelques temps, puis le louèrent à M. et Mme Lambert.
Le 15 octobre 1912, devant maître Dubost, notaire à Savigny-sur-Orge, l’artiste-peintre Suzanne Frémont, née Lambert (fille des deux locataires), acheta la nue-propriété aux héritiers Johnston ‘pour y réunir l’usufruit au décès de la survivante des venderesses’. Ce n’est donc que le 7 mai 1930 que la propriété appartint complètement à Suzanne Frémont. A sa mort en 1962, son mari, l’avocat Gabriel Frémont devint le légataire universel avant que la mort ne le surprenne à son tour le 9 janvier 1963.
A la suite du jugement rendu par le tribunal de grande instance de Toulon (et puisque l’enfant du couple Frémont avait été tué durant la Première Guerre mondiale), ‘à défaut de descendants et d’ascendants’, Thérèse Rouquerol, née Frémont, Jacqueline et Hélène Frémont, nièces de Suzanne, sont désignées, pour un tiers, héritières de la propriété. La demeure échappe alors définitivement à la branche Lambert.
Jacqueline Frémont disparaît en 1971. La maison reste aux mains des deux survivantes, mais, en 1989, Hélène s’éteint. En 1990, la ville de Châtillon reprendra le flambeau et en fera sa maison des Arts où ont lieu régulièrement des expositions.
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